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La cave voutée
27 janvier 2017

De l'autre coté du miroir

Il y a quelques temps, j'ai posé mes pénates dans une jolie brasserie. Histoire de prendre l'air, discuter un peu et égayer le quotidien. Une chose en amenant une autre, le concret est devenu abstrait. L'abstrait est devenu spiritualité. La spiritualité est devenue énergie. L'énergie est devenue indigo. Et l'indigo est devenu reiki. Au détour d'un comptoir. Entre amis.

Des années en arrière pourtant que j'ai laissé la magie. Mais quand Livia nous a proposé une initiation reiki, l'étincelle au fond de moi s'est précipitée au bar, me faufilant à tout berzingue entre les têtes ahuries, et hurlant "moi, moi moi !". Ensuite, plus tard, j'ai réfléchi. Trop tard, j'avais déjà soulevé le drap poussiéreux du miroir.

Et puis ce jour et Livia sont arrivés. On s'est rencontrées sous l'arbre de Diane, promenées dans les jardins du château. Et tout a commencé. J'aurais dû me douter. J'aurais dû me douter qu'il m'était impossible de maintenir encore cette porte fermée. Plus maintenant. Pas maintenant. Plus jamais. Et le soir. ça a commencé.

Elle m'a appris l'alignement, comment se recentrer. Un collier de perles colorées. On a causé, causé, et puis c'est arrivé. Les yeux fermés sur la table. Je souffle quelques molécules d'air à travers ma gorge serrée. Une silhouette noire rayonne au fond d'un tunnel sombre. Et mes yeux fermés retrouvent leurs visions d'antan, les images de la traversée du miroir. Comme si le temps n'existait pas, comme si jamais... Comme si. Toujours. Et la lumière vient. De l'autre côté. Une drôle de couleur inconnue et indéfinissable. Ma respiration s'accélère dans les montagnes russes du temps qui dégouline pour rattraper ce qu'il n'a pas perdu. Rien n'est perdu. Tout est là. Et moi. Mes mains chauffent, chauffent. Tellement fort que je transpire et dégouline mes mains dans ce vortex couleur reiki comme ce petit poucet dans sa forêt. Et ma tête sous les mains de Livia. Comme un ouragan au-dessus de ma tête qui entre et tourne et tape et tape contre mes aspérités. Je me redresse, redresse mon dos. Droit comme le tunnel dans lequel j'avance et ça coule de source. Ma gorge s'élargit et la chaleur s'adoucit, et tourne et me réchauffe en dedans. Descendant doucement.

Un souffle frais qui me remet en place et nait au creux de mes mains. Il tourne et tourne entre mes paumes et s'amplifie pour se répandre dans chaque interstices de chacun de mes corps alignés. Une sensation bizarre d'être... complète. Remplie ? En phase. Je reprends mon chemin dans le tunnel qui s'élargit. Plus vaste, plus doux. Entremêlé de couleurs variées. Celles des chakras, dit-on. Je m'en fiche. C'est joli. J'y suis bien. J'ai retrouvé ma source interne à LSD. Et la chaleur tourbillonne doucement. Elle poursuit sa descente. Lentement. Pendant que j'admire les volutes colorées. Certaines zones sont floues. Peu importe. C'est joli. Je suis bien. J'avance vers la silhouette qui me guide et m'attend.

Brutalement, Livia me souffle fort dessus. J'éclate de rire et mes yeux s'ouvrent. Tous mouillés. Mon corps est si léger. Et si lourd. Impossible de me lever. Je reste assise. Les yeux mouillés sur la table dans l'œil du tourbillon soufflé. J'ai envie de rire mais me retiens, j'ai le sentiment que ce n'est pas fini. Qu'il est trop tôt dans cette ligne de temps rétablie pour bouger. La chaleur continue de descendre, lentement. Mon cœur tout chaud diffuse en tournoyant. Doucement. Je glisse et glousse dans le coton.

Quand le coton glousse avec moi, je vais me coucher. Dormir et dans mes rêves, retourner l'autre côté. De l'autre côté je dors et Livia déboule dans ma chambre et me réveille et ouvre d'un coup toutes les fenêtres qui n'existent pas. Tellement de fenêtres ! Elle ouvre grand et tellement d'étoiles de l'autre côté des fenêtres ! Tellement d'étoiles ! Cinq étoiles immenses, ou six ? Je ne sais plus. Elles sont si belles, si grandes, si lumineuses. Je devine des dessins dans chacune de ces immenses étoiles. Dont un surtout. Un qui est très net. Si net que des mois après il est encore incrusté dans ma tête. C'est la fête sous les étoiles de l'autre côté des fenêtres et la fête entre chez moi. Cinq personnes entrent chez moi par les fenêtres. Un homme un peu fort ouvre mes tiroirs et me souris. Je lui souris en retour. Une jeune femme et son reflet dans le miroir me regardent en chœur. Je leur demande de sortir. Elles me sourient. elles m'agacent. Mon bâton d'arts martiaux se matérialise entre mes mains et je frappe un grand coup. Et je frappe, et frappe, et frappe. Et ça ne lui fait rien. Ça ne leur fait rien. Elles me sourient. Calmement. Jusqu'à ce que je comprenne. Je mets longtemps. Je comprends. Alors je fais la fête avec eux. Puis retourne me coucher. Toutes fenêtres ouverte. Avec mes cinq invités.

Le lendemain, je n'ai pas osé décrire à Livia le symbole de l'étoile. Je n'ai pas osé parce que ma raison pensait que non, que ce n'était pas logique. Quelques mois plus tard, elle m'a appris que c'était le premier symbole de reiki. Celui qui est insufflé lors de cette initiation du premier degré. Ce jour-là non plus, je n'ai pas osé.

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E
Touché. Frissons.
La cave voutée
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